Lettre à Mon
Tempo (6)
Bonsoir, Mon Tempo !
Je suis allé
dans le sous-bois, le soleil éclairait ta tombe car je suis
incapable de te réchauffer. Au travers des branches d'arbres ,
depuis ce soleil couchant, j'ai déposé sur Toi quelques feuilles
vertes que la nature laisse encore pousser ; quelques feuilles
vertes comme des reines marguerites, comme toutes les fleurs de la
vie pour te couvrir de douceur !
La rivière n'a pas cessé
son chant et – comme je te le disais – les canards pataugent
allègrement ! Tu aurais été là, nous aurions ri ! Mais
j'ai peine à vivre, Mon Tempo, depuis qu'il ne me reste de Toi que
ce coin de terre dont j'ai gravé dans ma mémoire ta dépouille
enrobée des tissus dont j'avais couvert ton tapis !
Lorsque
ton si beau regard s'éteignit dans le vide de tous les temps, je
t'ai enveloppé de ces tissus sur lesquels tu aimais te coucher. Ils
étaient tous couverts de fleurs. Ils étaient tous bien doux et Toi,
Mon Tempo, tu sais comme je les lavais régulièrement à fin que ta
couche soit propre et que tu te plus à y dormir.
Je sais, au
fond de moi, que tu es enrobé de fleurs, que chacune d'elle te
caresse ! Je sais que, sur Toi, j'ai posé ce beau tissus fleuri
que Lyne t'avait envoyé par la poste. Ce beau tissus, jamais tu ne
le déchiras, je t'en ai recouvert , puis j'ai repris la pelle
qui avait creusé le trou où tu dors et, doucement, lentement, je
t'ai recouvert de cette belle terre noire du sous-bois où nous
allions tous les deux... Je pleurais, je versais la terre sur Toi...
Le soleil s'était éteint. Le vent se tut. J'étais épuisé. Je
remontais dans notre logis et comme tu n'étais pas là, je me
demandais pourquoi ?
Je me suis assis ! J'ignorai tout
du jour et de la nuit et je regardais, béatement , le coin de
la cuisine où tu te couchais chaque soir ! Tu n'étais pas
là... Je ne réalisais pas ce qui venait de se passer. Je restais,
immergé dans la douleur et l'incompréhension ! J'étais, Mon
Tempo, fatigué de toute cette vie qui nous met à mort ; cette
vie épuisante et qui t'a emmené – injustement – vers
l'au-delà.
Lorsque nous serons ensemble le soleil sera brûlant,
le vent chantera et nous laisserons les canards patauger allègrement.
Mon Tempo, tu es partout dans moi
Le 23 09
2015
Copyright. Tous Droits Réservés.
Alain Girard
Commentaires
fanfan de nouveau, cela me rend infiniment triste, quand vous dites que vous n’existez plus...
J'ai été chercher les cendres de notre cher Zizou cette après-midi, nous allons les répandre dans notre jardin.
Amitiés, Alain, fanfan
Alain de nouveau, de mon côté j'ai installé mon lit de telle sorte que je voyais Mon Tempo se lever. Cela fera sûrement l'objet de ma prochaine lettre à Mon Tempo. Prochaine lettre qui évoque déjà, dans mon esprit, votre Zizou dont vous me parlez ! Pour moi, chaque matin comme chaque soir mes yeux se tournent vers la couche de Mon Tempo ! Et chaque fois je le vois et l'entend, Lui qui m'attendait, Lui qui savait tout de moi autant que j'ai - toujours – voulu ouvrir les yeux pour Lui...
A présent, dans ce logis qu'Il partagea avec moi le silence est tel que – n'existant déjà plus -
je n'existe plus...
Alain Girard
fanfan de nouveau, et je regardais, béatement, le coin de la cuisine où tu te couchais chaque soir ! Dans vos mots, pour votre cher Tempo, j'ai le même regard que vous, pour cet endroit où nous avions installé, notre cher Zizou dans la salle à manger, près de la porte fenêtre, il m'arrive fréquemment, , au cours de la journée et quand je quitte cette pièce de tourner mon regard à cet endroit...
Amitiés, fanfan